Partis de Tucupita dans l’état de Delta Amacuro à l’aube, […] la destination des pères Patias et Gabriel était la ville de Caucagua, dans la région de Barlovento, près de la capitale Caracas. Au Venezuela, parmi les nombreux autres problèmes causés par la grave crise sociale, économique et politique, le plus préoccupant pour la population est aujourd’hui le manque de carburant. Tombés en panne d’essence, le père Patias dit que pendant que le père Gabriel négociait l’achat de carburant, j’ai regardé de l’autre côté de l’autoroute et j’ai vu un groupe d’indigènes Warao à quelques mètres seulement derrière l’un des 30 barrages de la police routière, de la garde nationale et de l’armée que nous devions franchir pour atteindre Caracas. Les indigènes attendaient que quelqu’un les conduise à la ville de Santa Helena, à la frontière brésilienne. La destination était Pacaraima, puis Boa Vista, dans l’État de Roraima au Brésil, où des milliers de Vénézuéliens émigrent.
Le responsable du groupe, de huit adultes et douze enfants, raconte au père Patias […]
« J’émigre au Brésil avec 12 enfants et huit adultes et nous avons quitté notre maison il y a une semaine. Comme il n’y a pas d’essence, le transport est difficile pour nous. Nous devons nous débrouiller avec le transport fluvial et ramer du matin au soir. […] Nous attendons maintenant un transport pour continuer notre voyage car nous n’avons pas les moyens de payer […] nous cherchons de meilleures conditions de vie pour nos enfants. […] qu’ils étudient, qu’ils puissent avoir une bonne santé, de la nourriture, des vêtements, des chaussures […] ».
En réalité, selon le père, […] ce n’est pas vraiment le cas. Les migrants vénézuéliens de Boa Vista, en particulier les autochtones, sont confrontés à de grandes difficultés pour diverses raisons allant du manque d’opportunités à une mauvaise préparation professionnelle pour recommencer leur vie dans un pays étranger. Plusieurs ne trouvent pas de place dans les refuges, d’autres n’acceptent pas ce système d’accueil. La plupart d’entre eux se retrouvent dans la rue ou dans les banlieues où la vie est précaire, et il n’y a pas de transport ni d’école pour leurs enfants.
Ces dernières années, des milliers de familles ont émigré au Brésil et dans d’autres pays de la région en quête d’un avenir meilleur. Ce mouvement a été ralenti par la pandémie, mais ne s’est pas arrêté. On estime qu’environ 6 millions de personnes ont déjà quitté le pays de Maduro à la recherche d’un avenir meilleur.