Les évêques de la Conférence épiscopale du Venezuela ont publié une exhortation pastorale sur la situation sociale, économique, morale et politique dramatique du pays gouverné par Nicolas Maduro.
« L’angoisse et les carences dont souffre le peuple vénézuélien du manque de nourriture au non-respect de ses droits les plus fondamentaux sont bien connues. Ce problème a été aggravé par l’émergence de la pandémie COVID-19, qui laisse derrière elle un sillon de douleur et de mort dans tous les coins et recoins de notre géographie ». Dans leur déclaration, les évêques vénézuéliens, soulignent également que l’Église catholique suit de près la vie de ces gens.
Selon l’évaluation de la conférence épiscopale, le gouvernement et l’opposition ne présentent pas de projet pour le pays. Le gouvernement a montré son incapacité à répondre aux grands problèmes nationaux et il semble que son seul but est de rester au pouvoir à n’importe quel prix. D’autre part, l’opposition est divisée et ne présente pas de véritable alternative au changement.
Une politique pour le bien commun
Selon l’encyclique du pape François, Tous frères (n. 154 et 155), le message nous rappelle que le pays a besoin « d’une meilleure politique qui se met au service du vrai bien commun ». La dignité du peuple n’est pas prise en compte : « Le mépris des faibles peut se cacher sous des formes populistes qu’ils utilisent démagogiquement à leurs propres fins, ou en des formes libérales misent au service des intérêts économiques des puissants. Renforçant la pensée du Pape, les évêques rappellent à quelconque idéologie politique que « la priorité est le peuple, le bien commun, et non les intérêts personnels ou de groupe. »
Forcé d’émigrer
Les citoyens sont fatigués d’être « trompés par des promesses répétées. Le peuple vénézuélien demande la liberté de faire valoir ses droits constitutionnels. Beaucoup vendent leurs quelques affaires et quittent le pays. Plutôt que d’émigrer, ils fuient un pays qui n’offre aucune garantie de vie décente. Les évêques dénoncent les mauvais traitements des autorités militaires et de la police qui les kidnappent le long de la route et leur enlèvent leurs biens et leur argent. Au lieu de les protéger, comme ils l’ont juré devant Dieu et la nation, ils les humilient et les considèrent comme des citoyens de seconde zone. Ce sont des réalités qui sont criées, dénonce la lettre.
Crimes contre l’humanité
Le message des évêques vénézuéliens affirme que « la dignité des personnes est largement méprisée dans notre pays et que nombre des situations subies sont des crimes contre l’humanité ». Ils demandent donc que « les responsables d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, d’arrestations arbitraires et de tortures soient jugés, et que les institutions de l’État agissent, conformément à la loi, afin que ces actes abominables ne se reproduisent pas ». Les évêques critiquent également le travail de l’Asamblea Nacional Constituyente, qui selon eux « est une autre expression de la volonté du gouvernement de conduire notre pays sur d’autres chemins que ceux de la légalité, et donc de dilapider les ressources nationales qui appartiennent à tous ».
Appel à l’unité
Ils concluent en appelant à l’unité des différentes organisations […] pour rétablir les droits démocratiques de la nation. En ce sens, il est nécessaire d’accompagner la protestation pacifique, civile et sociale qui se répand dans tout le pays, d’établir un chemin clair de transformation politique, démocratique et civile, et de surmonter les personnalismes qui sapent la mission collective d’arriver à un Venezuela où la justice et la paix règnent à nouveau. »